Jacques-André Haury Jacques-André Haury - médecin et député
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  L'INVITÉ

Des cimetières confessionnels ? Oui, mais privés !

Paru dans 24 Heures le 19 fév. 2014

Le Municipal Marc Vuilleumier envisage d’aménager un carré confessionnel dans le cimetière du Bois-de-Vaux à l’intention des défunts musulmans (24 Heures, 17 .01.14).

L’exigence d’une sépulture séparée pour les fidèles de l’Islam est une démarche d’exclusion, qui exige que les corps ne soient pas enterrés à proximités des impurs que sont notamment les chrétiens. Le fondement de cette exigence dans les Coran ou les Hadiths est contesté, mais admettons qu’elle soit incontournable pour certains Musulmans.


La première attitude peut consister à ignorer cette demande, et continuer à proposer aux Musulmans vivant (et mourant !) chez nous de se faire enterrer en ligne, comme les autres, tout comme ils ont été soignés « en ligne » dans nos hôpitaux publics. Et que les autres fassent transporter leur corps dans une autre terre, si cette solution laïque contrevient à leurs convictions religieuses.


Une autre solution consiste à réserver dans le cimetière public un « carré » confessionnel C’est le projet lausannois. Mais cette proposition va à l’encontre de nos politiques publiques d’intégration. Si l’on utilise les services publics pour alimenter l’exclusion dans les cimetières, où s’arrêtera-t-on ?


Reste une troisième voie : celle du cimetière privé. Que ce soit sous forme de propriété privée ou de droit de superficie de longue durée, un carré confessionnel privé aurait du sens. Sur le plan religieux, il permettrait aux Musulmans attachés au rite de l’inhumation séparée de satisfaire à leur croyance. Sur le plan politique, il permettrait de faire un geste d’ouverture envers les quelques 30'000 Musulmans qui font bel et bien partie de notre Canton. Et les autres continueraient d’être accueillis à la ligne, gratuitement, sans égard à leur religion ou leur athéisme. Il appartiendra aux Musulmans eux-mêmes de gérer, sur un fonds qui leur est attribué, la question de l’orientation des tombes, puis de leur désaffection éventuelle, dans le rite qui est le leur. Et peut-être, d’ici une ou deux générations, admettront-ils que l’ensevelissement en ligne, pratiqué dans notre pays pour éviter des conflits sociaux et confessionnels, est une forme qui convient aussi aux adeptes de l’Islam.


C’est ainsi que sont gérés dans notre Canton les cimetières israélites. Au Liban, pays de la multiplicité religieuse par excellence, chaque confession gère elle-même son propre cimetière. Et il existe en outre quelques cimetières publics, gérés par les municipalités, dans lesquels sont enterrés les dépouilles dont la confession n’est pas définie.


La question des sépultures confessionnelles doit répondre à quelques principes fondamentaux propres à notre civilisation occidentale. Dans les domaines ressortissant au secteur public – écoles, hôpitaux, piscines, cimetières, etc. – toute discrimination pour motif de religion doit être refusée. Mais le domaine privé peut obéir à d’autres règles.


 

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