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INSÉCURITÉ, FRAGILITÉ
Nos aînés faisaient des réservesParu dans 24 Heures le 29 oct. 2003 Rien n’est plus lamentable qu’une belle voiture en panne d’essence. Tournons-nous vers nos aînés. Non pas pour leur demander un effort financier : si notre système de prévoyance sociale doit être rééquilibré, ce doit être à la charge des classes actives, non sur le dos des retraités qui récoltent le fruit mérité d’une vie de travail. Mais tournons-nous vers nos aînés pour qu’ils nous aident à nous souvenir. En quoi sommes-nous si différents de nos grands-parents ? La comparaison comporte des points positifs et des points négatifs. Je retiens, pour ma part, la notion de réserve : nos aînés avaient la préoccupation permanente d’accumuler des réserves pour des temps plus difficiles. Une partie du revenu privé était mise de côté. Les budgets publics devaient dégager un bénéfice, placé dans des comptes de réserve : c’était même inscrit dans la Constitution vaudoise. Nos entreprises constituaient des stocks, parfois rendus obligatoires par une préparation de l’économie de guerre. Et s’il fallait emprunter pour investir dans la création d’une entreprise, tous les efforts allaient d’abord à amortir la dette. Enivrés par plusieurs décennies d’expansion économique, nous avons changé de méthode. Nous nous sommes habitués à tout consommer tout de suite, et même davantage encore. Et lorsque les circonstances se sont assombries, nous avons consommé nos réserves, puis nous nous sommes endettés. Parce que la solidarité dont se gargarise une partie de la classe politique ne consiste pas seulement à prendre, à consommer, à distribuer : elle consiste d’abord à travailler, à entreprendre, à créer, à donner. Souvenons-nous de l’article 6 de la Constitution fédérale : « Toute personne est responsable d’elle-même et contribue selon ses forces à l’accomplissement des tâches de l’Etat et de la société ». On pourrait dire : contribue à la prospérité commune ! Ce langage était familier à nos aînés : ils se souciaient de remplir le réservoir. Ils refusaient de vivre au-dessus de leurs moyens. |
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