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POLITIQUE
La droite vaudoise a plus de mémoire qu’on ne le dit
Paru dans 24 heures le 25 fév. 2011
L’ancien chef du Service de la santé publique, M. Marc-E. Diserens, s’autorise (24 heures du 19 février 2011) à accuser d’«amnésie» la droite du Grand Conseil qui a sèchement refusé d’entrer en matière sur le projet de financement des hôpitaux, présenté par M. Pierre-Yves Maillard.
Les députés mis en cause ont probablement davantage de mémoire que M. Diserens n’a de perspicacité. Depuis les années 90, la politique vaudoise de santé a été dominée par les Nouvelles orientations de politique sanitaire. Cette lourde organisation technocratique a été source d’innombrables séances de comités, conseils, études et groupes de pilotage. Elle fournit des emplois et des salaires à tout une «nomenklatura» émargeant au budget de la Santé, mais n’ayant aucun lien direct avec les soins au patient. La droite s’en souvient.
En 1998 éclate ce que M. Diserens nomme le «scandale» des EMS. S’est ensuivie l’agitation d’une commission d’enquête parlementaire, dont les travaux ont surtout démontré qu’on avait fait beaucoup de bruit pour peu de chose. Mais cette commission n’en suggérait pas moins quelques améliorations, suggestions dans lesquelles le service de M. Diserens s’est engouffré pour soumettre les EMS à une multitude d’exigences et de contrôles, large- ment au-delà des dysfonctionnements constatés. La droite s’en souvient.
Au cœur de notre dispositif hospitalier: le CHUV. Dès sa mise en service en 1983, cet hôpital a été contaminé par la fièvre administrative. Depuis bientôt trente ans, jour après jour, les divers médecins et autres soignants qui y œuvrent lancent des signaux d’alarme: «L’administration nous étouffe et nous empêche de faire notre travail!» Et, quoi que puisse en dire l’actuel directeur général, les nombreux médecins cadres qui quittent le CHUV le font d’abord pour fuir la lourdeur administrative, bien avant l’appât du gain. La droite le sait et s’en souvient.
La révision de la LAMal a pour objectif d’introduire, dans le fonctionnement de nos hôpitaux, une nouvelle logique de pilotage. Ce n’est plus une lourde administration centralisée qui dirige le système: c’est le patient lui-même, en choisissant l’établissement dans lequel il entend faire valoir son «chèque hospitalisation». M. Diserens juge légitime que l’Etat étende son «carcan» aux nouveaux établissements reconnus d’intérêt public: la loi fédérale voudrait au contraire qu’il soit assoupli pour tous. La droite du Grand Conseil l’a bien compris.
Depuis deux décennies, la médecine contrôlée par l’Etat étouffe sous les assauts de la technocratie. De son côté, la médecine pratiquée dans les cliniques privées offre des soins de qualité avec souplesse et efficacité. Cette situation, de notoriété publique, a de quoi irriter les gestionnaires – et anciens gestionnaires – de l’Etat. Mais les députés fonctionnent différemment: ils se servent de leur mémoire pour ne pas répéter les erreurs du passé.
Jacques-André Haury
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