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OPINIONS
Les incivilités expriment l’échec du processus éducatifParu dans Educateur le 10 sept. 2010 L’enfant ne nait pas civilisé, pas plus qu’il ne naît en maîtrisant l’orthographe. L’incivilité exprime avant tout une carence éducative. On peut certes considérer que les exemples de violence vécues dans l’entourage ou contemplées dans les médias jouent un rôle. Mais elles demeurent sans grande influence sur des enfants éduqués. : les enseignants et les éducateurs l’observent chaque jour. De même, l’éducation vise à rendre l’enfant « résistant » aux diverses tentations externes ou pulsions internes. Les incivilités expriment l’échec du processus éducatif. La règle ou la découverte Aujourd’hui, les défenseurs de cette forme d’éducation sont devenus rares : on admet qu’un bon bagage de règles et de limites acquises par transmission directe dans la petite enfance est plus rapide et plus efficace. Expérimenter la réussite : une affaire de dopamine Ceux qui pratiquent régulièrement un sport intensif ressentent bien, lorsqu’ils en sont privés, une forme de sevrage. C’est en termes biochimiques ce que le profane nomme « goût de l’effort ». Il importe donc que l’éducation donne régulièrement à l’enfant l’occasion d’expérimenter cette satisfaction « dopaminergique » que procure l’obstacle surmonté, afin qu’il en vienne naturellement à rechercher cette expérience. A défaut, il ne reste à l’enfant, pour éprouver le plaisir en stimulant la sécrétion de dopamine, que des voies parallèles : l’agitation, la violence, tout ce qu’on nomme « incivilité ». Après quoi on le retrouvera attiré par les drogues ou la délinquance, comportements correspondant à un intense besoin de plaisir et à une grande paresse pour y accéder. Dans le processus pédagogique, cette démarche consiste à fixer constamment à l’élève des objectifs bien délimités, qui lui donnent quotidiennement l’occasion d’expérimenter la réussite. On comprendra donc que toute démarche fondée sur la complexité, toute évaluation imprécise d’objectifs complexes, toute attitude de procrastination (« Peu importe si tu ne comprends pas aujourd’hui, on y reviendra plus tard!») ont pour effet d’empêcher ce développement dopaminergique. De plus, l’hétérogénéité des groupes d’élèves telle que tout est trop difficile pour certains et trop facile pour d’autres prive les uns et les autres de ce « conditionnement » à l’effort. Tout se joue dans les petites classes On doit en tirer des conclusions analogues en matière de pédagogie. C’est au début de la scolarité que l’enfant doit entraîner sa production de dopamine dans des efforts récompensés. C’est à ce stade tout particulièrement que l’enseignement devrait être guidé vers des objectifs simples, bien définis, évalués avec rigueur. En choisissant l’abord par la complexité, la nouvelle pédagogie place constamment l’enfant dans une situation de déséquilibre, et ce déséquilibre l’entretient dans un climat de confusion. Au milieu de cette confusion, l’incivilité n’est qu’un désordre parmi d’autres. Si, dans son activité scolaire, le petit enfant n’apprend pas nettement la distinction entre ce qui est juste et ce qui est faux, il n’y a pas de raison pour qu’il distingue nettement, dans son comportement, ce qui se fait de ce qui ne se fait pas. Les nuances, la relativisation doivent venir plus tard. « Encadrer les élèves difficiles » Plus que d’autres, ces enfants ont besoin d’un cadre bien défini, d’un enseignement structuré, avec des objectifs simples et accessibles, aisément mesurables. D’une salle de classe ordonnée dans le calme. De manuels plutôt que de feuilles volantes, dispensant, au fil des pages, un enseignement organisé et progressif. D’un horaire stable qui ne soit pas constamment perturbé par des « activités » extérieures. A quoi s’ajoute la personnalité de maîtres qui s’emploient à guider les élèves et non pas à « suivre leur progression ». L’incivilité comme une faute d’orthographe Jacques-André Haury |
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