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REFLEXIONS
Des médecins pour soignerParu dans 24 Heures le 26 fév. 2009 Le revenu des médecins n’est pas l’enjeu du conflit créé par le nouveau tarif des analyses médicales. La réduction de ce tarif de 20% en moyenne transforme une activité légèrement bénéficiaire en une activité déficitaire: les médecins généralistes fermeront leur laboratoire et enverront leurs patients se faire piquer ailleurs. C’est le cœur du problème: le médecin généraliste devient de plus en plus un trieur, juste bon à envoyer le patient se faire voir ailleurs ou à l’en empêcher. Or, telle n’est pas sa vocation. Le travail du médecin consiste à poser un diagnostic et à prescrire un traitement. C’est particulièrement vrai pour le médecin généraliste, qu’on nomme à juste titre le médecin «traitant». Dans ce but, il doit disposer d’un minimum de moyens techniques; son laboratoire lui est nécessaire. Le patient y trouve également son compte, cherchant autant que possible à être traité de façon rapide et efficace, sans avoir à entreprendre un long parcours entre techniciens et spécialistes divers. Avantage économique: les coûts de santé engendrés par les médecins en pratique privée sont remarquablement stables au cours des quinze dernières années, alors que le secteur ambulatoire des hôpitaux explose. En s’attaquant aux tarifs des analyses, M. Couchepin s’inscrit dans un ensemble de mesures qui contribuent toutes à déprécier cette activité médicale pourtant fondamentale. Citons en quelques-unes. L’idée du managed care, dans lequel le médecin généraliste doit devenir un gatekeeper: dans cette conception, il ne sert plus qu’à empêcher les patients d’accéder à un prétendu eldorado, c’est-à-dire au spécialiste. L’«interlocuteur personnel de santé», proposé par l’Union syndicale suisse, ne vaut guère mieux. Pas très valorisant pour le généraliste. Citons le développement de standards thérapeutiques: des sur-spécialistes, généralement issus des milieux universitaires, fixent des directives que le médecin traitant se trouve contraint d’appliquer systématiquement, sous peine d’être accusé de carence professionnelle. Pas très valorisant pour le généraliste qui voudrait adapter ses traitements aux caractéristiques de chacun de ses patients. Les services d’urgence des hôpitaux publics jouent – involontairement? – un rôle d’aspirateur pour tous les patients qui se dirigent machinalement vers l’enseigne la plus visible et la mieux jalonnée. Les examens complémentaires y sont effectués sans compter. Pas très valorisant pour le généraliste qui se soucie d’apporter les meilleurs soins aux moindres coûts. Mais jamais personne ne relève l’efficience de nos médecins généralistes, c’est-à-dire le bénéfice qu’ils apportent au patient à des coûts raisonnables et en un temps minimum. Les dirigeants politiques se plaisent à déplorer la pénurie de médecins généralistes, qui touche déjà certaines régions de notre canton. A côté de ces déclarations, ils semblent se liguer pour trouver tous les moyens de rendre ce métier impossible. L’affaire des tarifs de laboratoire catalyse la colère. La colère de médecins qui ne demandent qu’à faire leur métier: soigner des patients, honnêtement, avec les moyens techniques du XXIe siècle. L'invité Jacques-André Haury |
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