Jacques-André Haury Jacques-André Haury - médecin et député
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Rendez-vous à l’alcootest

Paru dans 24 Heures le 30 avril 2008

La consommation de cannabis commence par être une infraction. Pour éviter qu’elle ne devienne une toxicomanie, il importe de la détecter et de la combattre à son début.

Actuellement, lorsque l’école a des soupçons de consommation de substances illégales, elle n’a pas le «droit» de vérifier ces soupçons. C’est bien cette compétence légale que le Grand Conseil veut donner aux directeurs d’établissements, ni plus, ni moins. Imaginer des tests de dépistage systématique est simplement hors sujet – mais facilite la caricature.

Les milieux de la prévention cherchent-ils simplement à défendre leur part de marché? Les médecins de l’addiction redoutent-ils que les toxicomanies ne régressent? A défaut, on comprend mal pourquoi ils seraient scandalisés à l’idée d’établir les faits avant d’entreprendre une démarche quelconque de prise en charge, qu’il s’agisse de sanction ou qu’il s’agisse d’accompagnement. On fera d’ailleurs remarquer qu’aucune modification sensible des comportements n’a jamais été obtenue si la prévention n’est pas doublée d’un outil dissuasif.

On nous fait observer que l’alcool est en passe de devenir un problème plus grave encore que le cannabis dans nos écoles. Alors, parlons-en.

La consommation d’alcool, comme celle de cannabis, est interdite par le règlement scolaire. Que faire avec un élève qui paraît être sous l’emprise de l’alcool? L’envoyer chez l’infirmière scolaire, répondront certains, sans très bien savoir ce qu’elle en fera. Le punir, répondront les autres. Mais sur quelle base? Si l’élève nie, on sera bien obligé d’étayer les soupçons par une preuve. Et cette preuve passe par l’alcootest.

Comme père, si mon fils devait être accusé d’une consommation qu’il nie, j’exigerais de l’école qu’elle apporte une preuve. Qu’il s’agisse de drogue ou d’alcool, à l’instar d’une tricherie ou d’un vol. Nous ne saurions admettre que l’école sanctionne sur la base de soupçons. Mais il ne serait pas question non plus que nos enfants soient pris en charge par une équipe de médecins, de psychologues et de médiateurs sur la même base fragile, cette prise en charge pénétrant très profondément dans la vie privée de l’enfant.

L’école se plaint de perdre son autorité: de plus en plus de parents contestent ses décisions, souvent avec l’aide d’un avocat. Ils auront beau jeu, les avocats, d’attaquer l’école si un élève est sanctionné pour consommation d’alcool sans que cette consommation n’ait été vérifiée par un test. Et je vois déjà les enseignants, les médiateurs, les psychologues – et certains journalistes – découvrir qu’on ne résoudra pas les problèmes liés à l’alcool dans l’école si elle n’a pas la compétence, de cas en cas, de soumettre un élève à un alcootest. En affirmant que l’élève qui vide une bouteille de vodka n’est pas d’abord un malade à soigner, mais un provocateur qui défie les règles de l’école.

Faire respecter les règles, au besoin en établissant les faits: cela fait partie de toute démarche éducative. Ceux qui contestent cette évidence ne devraient pas avoir la responsabilité de nos enfants.

L'invité Jacques-André Haury




 

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