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SANTÉ
Médecins et caisses maladies : l’impossible amourParu dans L'Agefi le 21 déc. 2006 Le système de santĂ© suisse figure parmi les meilleurs au monde autant par sa qualitĂ© que par son accessibilitĂ© pour tous. Il a un dĂ©faut : il est cher. Les coĂ»ts de la santĂ© sont au cĹ“ur des prĂ©occupations des responsables politiques. En revanche, la qualitĂ© des soins leur paraĂ®t un acquis dĂ©finitif dont ils n’ont pas Ă se soucier. Le corps mĂ©dical, pour sa part, a une prĂ©occupation inverse : celle de la qualitĂ© des soins offerts Ă des malades. Le mĂ©decin est confrontĂ© quotidiennement Ă des gens qui souffrent et qui l’appellent Ă l’aide. Nombreux sont les mĂ©decins qui se soucient quotidiennement d’éviter les examens inutiles et de rechercher les traitements les plus efficaces, afin de limiter les dĂ©penses. Mais leur première prĂ©occupation n’est pas celle des coĂ»ts de la santĂ© ; ce n’est d’ailleurs pas non plus celle des patients dont ils prennent soin. Entre ces deux dĂ©marches divergentes, mais toutes deux lĂ©gitimes, l’assureur est appelĂ© Ă devenir la cible de toutes les critiques. Lorsque les coĂ»ts augmentent, l’assureur adapte ses primes, au grand dam des autoritĂ©s politiques et de la population. Lorsque l’assureur limite les coĂ»ts, ce sont les mĂ©decins qui s’indignent. Car la limitation des coĂ»ts finit toujours par retomber sur un mĂ©decin Ă qui on conteste une facture ou une prescription. En quelque sorte, les protestations du corps mĂ©dical contre les caisses-maladie sont Ă la mesure des efforts fournis pour comprimer les coĂ»ts. Pour mesurer la portĂ©e de ces conflits, il convient de signaler que 94% des notes d’honoraires des mĂ©decins suisses sont remboursĂ©es sans aucune contestation. Seuls 6,7% des mĂ©decins suisses font l’objet de mise en garde par SantĂ©Suisse, l’organisation centrale des assureurs. Mais les assureurs sont loin d’échapper Ă toute critique. Certaines relations Ă©tablies avec le corps mĂ©dical relèvent de la muflerie. Exemple : lorsque SantĂ©Suisse demande des explications aux mĂ©decins jugĂ©s trop chers, avec menace de rĂ©torsion, aucune suite n’est donnĂ©e aux rĂ©ponses fournies ; un climat de suspicion dĂ©testable est ainsi crĂ©Ă© et maintenu au fil des ans. Autre exemple : dans le Canton de Vaud, les assureurs refusent de restituer aux mĂ©decins quelque 23 millions, dus en application d’accords Ă©tablis Ă l’introduction de TARMED. A ces comportements conflictuels s’ajoutent les critiques de ceux qui, par idĂ©ologie politique, reprochent aux caisses maladies de constituer des rĂ©serves : Ă leurs yeux, une activitĂ© devrait ĂŞtre dĂ©ficitaire pour ĂŞtre respectable… Le corps mĂ©dical est depuis longtemps la cible privilĂ©giĂ©e de ceux qui prĂ©tendent rĂ©duire les coĂ»ts de la santĂ©. MĂŞme les mĂ©decins qui ne sont l’objet d’aucune contestation de la part des assureurs finissent par se sentir blessĂ©s lorsqu’un de leurs confrères fait l’objet de contrĂ´les ou de contestation. A tel point que les caisses-maladie en viennent Ă incarner, pour beaucoup de mĂ©decins, la source de tous les maux. ConnaĂ®tre ce contexte permet de relativiser l’étonnant soutien des mĂ©decins vaudois et genevois Ă l’initiative : un geste de mauvaise humeur Ă l’endroit des assureurs bien plus qu’un vrai soutien Ă la Caisse unique. |
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