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OPINIONS
La supériorité de l’Occident, c’est la place faite au douteParu dans 24 Heures le 1 nov. 2006 «La tyrannie de la pénitence: essai sur le masochisme occidental»: le dernier ouvrage de Pascal Bruckner s’élève contre l’auto-dénigrement actuel de la civilisation occidentale. «Notre civilisation non seulement n’est pas la pire, mais elle pourrait même être la meilleure», nous suggère l’auteur, en prenant toutefois assez de précautions pour ne blesser personne. On pourrait poursuivre le raisonnement de Bruckner dans d’autres domaines: notre civilisation technique a inventé mille façons de polluer la terre et l’eau; mais elle a aussi entrepris l’épuration des eaux, elle a inventé le catalyseur, elle a développé des énergies propres. Notre civilisation a inventé le capitalisme et son potentiel d’enrichissement individuel; mais elle a aussi inventé des régimes sociaux qui protègent les plus faibles. C’est que notre civilisation occidentale ose le doute. Dans ce sens, le protestantisme peut s’honorer d’une contribution fondamentale à notre identité: en mettant en doute l’autorité de l’Eglise, la Réforme a semé dans le terreau européen le germe de la remise en question universelle. Faut-il rappeler que le doute est à la base de toute démarche scientifique. Une affirmation scientifique comporte toujours sa propre mise en doute et ses propres limites, qui vont constituer le moteur d’une recherche ultérieure. En réalité, tous les combats du libéralisme - qu’il s’agisse des libertés individuelles, de la liberté du commerce, de la liberté de la recherche – sont fondés sur l’acceptation d’une incertitude: il se pourrait qu’un autre sache mieux, qu’un autre fasse mieux. Cette chance que le doute donne au «mieux» constitue le moteur de notre développement occidental. Il est devenu politiquement incorrect de prétendre qu’une civilisation ou un régime politique vaut mieux qu’un autre. Nous sommes cependant légitimés à considérer que tous les intégrismes politiques ou religieux, qui ignorent le doute, plombent le développement des sociétés qui s’en réclament. Et Bruckner a raison: l’Occident ne peut porter la culpabilité de leur impasse. |
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