Jacques-André Haury Jacques-André Haury - médecin et député
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  ENVIRONNEMENT

Un écologiste ne dit pas: «J’ai le droit…»

Paru dans 24 Heures le 1 fév. 2006

2% de plus! C’est à nouveau l’augmentation annuelle de la consommation électrique en Suisse. En dépit d’une prise de conscience générale, chez nous, des dangers que cette progression fait courir à la planète. En dépit des progrès réalisés par l’industrie pour mettre sur le marché des appareils toujours plus économes en énergie. Le constat est là: même nous, les Suisses vertueux, nous aggravons, chaque année, notre atteinte à l’environnement.

Dans Le syndrome du Titanic, l’écologiste français Nicolas Hulot indique l’importance de l’engagement individuel: «Si chacun de nous, en France, remplaçait ses ampoules normales par des ampoules à basse consommation, quatre centrales nucléaires deviendraient inutiles. » Chez nous, la «taxe au sac-poubelle» est un exemple emblématique.

Le simple fait de devoir payer quelques francs pour chaque sac d’ordures déposé sur le trottoir rend le consommateur sensible au prix des déchets et à l’importance de leur tri séparé. Ce système fonctionne déjà dans de nombreuses communes, en particulier dans la Broye: après une brève période d’adaptation, la population joue le jeu.

Mais cette taxe au sac se heurte malheureusement à l’opposition de la gauche idéologique. Ayant bâti son programme électoral sur la revendication du «droit à», elle considère que, pour l’élimination des déchets comme pour le reste, c’est aux autres de payer. Qu’un effort soit fait pour l’environnement, d’accord: mais par les autres. Gratuité des services publics oblige!

Et c’est bien à ce niveau que se situe l’enjeu du combat écologique. Tant que nous pensons qu’il faut faire des économies de chauffage mais que, pour nous, le confort commence à 23°, tant que nous considérons qu’il faut promouvoir les transports en commun mais que nous peinons à faire trois pas à pied, tant que nous refusons de travailler, en été, dans des locaux qui ne sont pas climatisés, notre société ne parviendra pas à réduire sa consommation d’énergie.

Qu’on l’aborde à l’échelon planétaire ou à l’échelon local, le combat écologique se décline toujours en termes de devoirs et non pas de droits. Refuser la taxe au sac-poubelle, au POP, ou refuser de signer le Protocole de Kyoto, aux USA, relève exactement de la même démarche: mes intérêts d’abord, c’est mon droit! Mais parler de responsabilité, Monsieur, quelle horreur! Assez de vos propos moralisateurs!

Un nombre croissant de nos concitoyens votent pour les Verts. Certains de ces électeurs s’offrent ainsi une bonne conscience qui leur permet de continuer à consommer et polluer en paix. C’est un peu le trafic des indulgences, version XXIe siècle. Le problème, c’est que les Verts sont les alliés de la gauche doctrinaire, qui fonde son engagement politique sur «le droit à…». On ne peut pas revendiquer le droit à tout et, subitement, en matière d’environnement, commencer à parler de «devoirs».

Par quelque bout qu’on l’aborde, le développement durable flirte toujours avec la responsabilité individuelle. Quant aux nombreux chercheurs et pionniers des énergies renouvelables, ils sont généralement l’incarnation vivante de l’esprit d’entreprise. «Responsabilité individuelle, esprit d’entreprise»: ces notions vous rappellent sans doute quelques slogans politiques. Malheureusement, pas ceux des idéologues de gauche. Voir, comme à Zurich, les écologistes se distancier de leurs alliés constitue un bel espoir pour le développement durable.

Jacques-André Haury, Médecin et député




 

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