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COÛTS DE LA SANTÉ
Devons-nous avaler toutes ces pilules?Paru dans 24 Heures le 31 oct. 2005 Le professeur Georges Peters, qui nous enseigna la pharmacologie, aimait à dire qu’un bon médecin prescrit 1 à 3 médicaments. A partir de 5, il devenait dangereux; au-delà de 7, il méritait la prison! A l’époque, nous considérions ces propos avec distance, les attribuant aux querelles qu’un homme engagé à gauche entretient avec l’industrie pharmaceutique. Depuis quelques années, confronté de plus en plus fréquemment à des patients présentant des troubles liés aux effets secondaires de médicaments, j’observe d’un œil critique les longues listes de pilules que des patients de plus en plus nombreux se voient prescrire chaque jour. Si on examine ces listes, on constate que, mis à part ceux qui traitent des maladies réelles, nombre de médicaments visent à corriger des «facteurs de risque». Dans le but de prévenir diverses maladies, notamment des accidents cardio-circulatoires, le facteur de risque est lui-même considéré comme une maladie en soi. Prenons l’exemple de l’hypertension artérielle. Il y a trente ans, on admettait comme une tension encore normale le chiffre de 100 augmenté de l’âge: 170 mmHg pour un individu de 70 ans. Ces valeurs normales ont été progressivement abaissées. Aujourd’hui, la valeur maximale admise est de 140, indépendamment de l’âge. Curieusement, la littérature médicale est presque muette sur les effets secondaires des traitements qui abaissent la tension. On sait qu’ils peuvent fragiliser un patient âgé en cas de canicule. Les recommandations françaises le mentionnent, mais l’Office fédéral des affaires sanitaires, dans les mises en garde qu’il a publiées en juin en prévision d’une éventuelle vague de chaleur, n’en dit pas un mot. On sait qu’une tension artérielle basse peut provoquer un malaise et une chute: étonnamment, dans la récente étude effectuée par l’Office Médico-Social Vaudois sur les chutes à domicile des personnes âgées, les médicaments consommés ne sont même pas pris en compte. Cette évolution pose des problèmes financiers. Selon le nouveau «consensus» sur les valeurs admises pour le cholestérol, la Grande- Bretagne a estimé que le nombre de patients à traiter allait passer de 8% à 40% de la population, ce qui engagerait, pour ce seul facteur de risque, 10% du budget du National Health Service! Ce dernier a donc décidé de refuser la prise en charge d’une partie de ces traitements. Mais le plus inquiétant, à nos yeux, réside dans les effets secondaires, insuffisamment connus, surtout lorsque plusieurs médicaments sont absorbés simultanément. |
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