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FINANCEMENT DES EMS
Une assurance plutôt que l’impôt!
Paru dans 24 Heures le 20 août 2005
Le financement des EMS est toujours présenté comme un péril majeur menaçant notre société. Augmenter l’impôt semble la seule manière de le résoudre. Sans mesurer le fait qu’on ne peut, sans limites, augmenter la part prélevée sur les personnes actives au profit des personnes inactives. Les Vaudois ont nettement dit «non à tout nouvel impôt» le 17 avril dernier.
Pour prendre un chemin différent, il faut en revenir aux faits et aux chiffres. Si la part des personnes âgées augmente dans notre société, cela signifie surtout que, pour différentes raisons, en particulier grâce aux progrès de la médecine et des aides à domicile, la vie en situation d’indépendance ou de faible dépendance se prolonge. Cela se mesure à deux chiffres: – seulement 5 à 10% des gens terminent leur vie en EMS.
– de 1990 à 2004, la durée moyenne de séjour en EMS est passée de quatre à deux ans et demi.
Venons-en au coût du séjour en EMS. Il est divisé en deux parts:
1. Les frais socio-hôteliers mis à la charge des résidents.
2. Les soins pris en charge par les assurances maladie.
Nous sommes de ceux qui considèrent que les frais sociohôteliers doivent demeurer à la charge des résidents, y compris le financement des investissements. Lorsque vous faites un séjour dans un hôtel, il ne vous viendrait pas à l’idée que, dans le calcul du prix de la chambre, l’hôtelier n’inclue pas la part servant à financer ses investissements. D’accord sur le principe, répondrez-vous, mais pour un séjour en EMS, cela peut coûter une fortune. Alors reprenons les chiffres. Si le «forfait socio-hôtelier», qui est aujourd’hui de 125 fr. par jour en moyenne, devait passer à 150 fr. pour financer les nouveaux investissements, cela ferait, pour un séjour de deux ans et demi, une somme de moins de 150 000 fr. Il s’agit d’une moyenne. Si la probabilité de terminer sa vie en EMS n’est que de 10%, cela signifie qu’en versant à une assurance une prime de l’ordre de 15 000 fr. pour votre séjour éventuel en EMS, vous pourriez voir venir sans aucun souci pour vous (ni pour vos héritiers) la perspective de devoir entrer un jour dans une institution de ce type.
Aujourd’hui, près de 80% des personnes qui entrent en EMS n’ont pas une fortune et un revenu leur permettant d’en payer le prix. Ce chiffre diminue régulièrement par la généralisation progressive du 2e pilier. De toute manière, il paraît assez évident que rares sont, dans notre société, ceux qui ne pourraient pas trouver, par exemple, entre 50 et 65 ans, les 15 000 fr. (ou 85 fr. par mois) assurant leur éventuel séjour en EMS. Avec un brin de cynisme et autant de réalisme, je connais pas mal de futurs héritiers capables de conseiller leurs parents dans ce sens.
Une assurance pour l’hébergement en EMS ne résout pas, nous le savons bien, tous les problèmes financiers liés au vieillissement. La charge principale est celle des soins que nous nous efforçons d’apporter aux personnes âgées pour leur permettre de conserver leur autonomie aussi longtemps que possible. C’est un des problèmes de l’assurance maladie. Mais pour ce qui est du financement des EMS — puisqu’il est actuellement au cœur du débat politique vaudois — vouloir le faire passer par un point d’impôt supplémentaire relève à la fois d’une méconnaissance des chiffres et d’un appel déplacé à la solidarité entre les générations. Certaines formules d’assurance hébergement existent déjà chez nous. Nous faisons confiance à l’esprit d’initiative des assureurs pour développer cette offre.
Jacques-André Haury, médecin et député
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