Jacques-André Haury Jacques-André Haury - médecin et député
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  POLITIQUE VAUDOISE

Le Parti radical peut-il à nouveau être utile au canton ?

Paru dans 24 Heures le 8 sept. 2004

Louis Guisan, qui fut homme d'Etat libéral, m'a enseigné son respect pour le Parti radical vaudois et pour la manière dont il était parvenu, pendant un siècle, à faire vivre notre canton. Mais le siècle est terminé. Depuis que la situation du canton s'est dégradée, la tentation est grande de faire porter aux radicaux le poids de tout ce qui va mal. L'estime et l'amitié que je porte à nombre d'entre eux m'interdisent de les accuser de tous les malheurs de ce canton. Mais je prends le risque de dénoncer un dysfonctionnement de leur parti en tant que parti, et qui me paraît nuisible à la communauté vaudoise.

Le Parti radical vaudois a connu sa grandeur au temps où la société fonctionnait sur des valeurs communes. Le Vaudois moyen était travailleur, économe et patriote. Dans ce contexte, le grand Parti radical pouvait se contenter de bien gérer les affaires publiques, sans se perdre dans la philosophie politique.

Un Vaudois pouvait dire: « Je suis radical, mais je ne fais pas de politique », indiquant que son parti était essentiellement une organisation de la société, qui n'engageait pas l'opinion de ses adhérents.

Au fil des ans, le Parti radical a perdu sa suprématie. Pour se maintenir au pouvoir, il a dû faire des alliances, progressivement scellées par des accords portant sur un programme minimum commun: ce fut l' « Entente vaudoise », rebaptisée « centre-droite vaudois ». Mais en dépit de ses alliances, son fonctionnement n'a pas changé. Il n'a pas appris la concertation avec ses partenaires. Le comportement du groupe radical au Grand Conseil est assez révélateur. Sans forcer beaucoup le trait, on le voit en situation d'obédience inconditionnelle lorsqu'un objet est présenté par un conseiller d'Etat radical, et totalement dispersé dans les autres cas. Cette attitude a des effets dommageables, car elle engendre de nouvelles divisions dans la société. On peut citer trois illustrations récentes.

Le projet d'assainissement des finances vaudoises fait voler en éclats l'Entente vaudoise. Ayant délibérément choisi de s'aligner derrière un chef de département radical, le Parti radical, refusant la concertation avec ses partenaires, se coupe de ses alliés qui éprouvent un sentiment de trahison sur des options politiques fondamentales.

L'hostilité qui s'installe entre la Fédération patronale et le Gouvernement vaudois manifeste, elle aussi, une rupture entre des alliés naturels: c'est tout le monde des petites et moyennes entreprises qui éprouve le sentiment d'être abandonné par des élus dont il était naturellement proche.

L'initiative populaire visant à octroyer aux municipalités un droit de référendum contre les décisions cantonales, quant à elle, exprime le désarroi, face à l'Etat, de ces milieux à forte implantation radicale que sont les communes vaudoises.

Sans parler des électeurs déçus que cette politique précipite dans des bras plus conflictuels.

Le Parti radical ne peut plus se contenter de serrer les rangs derrière des magistrats que l'élection n'a pas rendus infaillibles. Il doit définir sa propre ligne, au terme d'un débat d'idées. S'affirmer au centre n'est pas un programme politique: c'est tout au plus une démission, qui laisse aux autres le soin de vous situer. Quant au consensus avec l'adversaire, quelle est sa signification s'il s'établit au prix d'autres déchirures plus profondes encore ?

Il y a une place chez nous pour une grande force politique de droite: une droite ouverte, humaine, cultivant l'esprit d'entreprise et recherchant la cohésion sociale, fruit de l'effort de chacun. Une droite qui sait que toute politique sociale est financée par la prospérité économique. Une droite qui s'honore de contribuer au développement durable de notre canton. Cette place, nombreux sont les Vaudoises et les Vaudois qui appellent le Parti radical à l'occuper. S'il fait ce choix et — plus important ! — s'il est capable de s'y tenir, il pourrait même devenir le lieu de rassemblement d'autres formations politiques apparentées.




 

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