EXPO01, Le changement n'est pas une valeur en soi

Paru dans Le Temps le 7 oct. 1999

Monsieur le Rédacteur,

Vous avez consacré une page au contenu de l'Expo 01 (ou 02) (LT, 2.10.99). Merci. On y retrouve, exprimée par Martin Heller, cette idée obsédante que l'Expo doit "changer la Suisse". Je suis surpris que cette idée, parfaitement sotte, ne soit jamais remise en question. N'en déplaise aux soixante-huitards attardés qui sont devenus les décideurs d'aujourd'hui, le changement, pas plus que le conservatisme, ne sont des valeurs en soi.

L'idée de faire une exposition pour changer la Suisse est aussi absurde que ne serait une exposition destinée à la figer. Si le changement, dans certains domaines, peut-être synonyme d'amélioration, il en est d'autres où il ne peut entraîner qu'une péjoration.

La Suisse a des valeurs. Une exposition est profitable lorsqu'elle essaie de les définir et de les mettre en perspective. Parmi elles, je place volontiers la recherche permanente de la perfection qui inspire toutes nos démarches : scientifique, sociale, culturelle, économique. Mais le changement en tant que tel ! C'est d'une pauvreté ringarde à faire pleurer. "Tu aimes ma nouvelle robe ? - Ca change, ma chérie, répond le mari désemparé !"

Culte aveugle du changement pris pour lui-même : il est la cause d'une large part des difficultés rencontrées par les organisateurs de la manifestation et de la tiédeur populaire. Ne parler que de managment, c'est demeurer à côté de la question.