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NOUVELLE LOI ECCLÉSIASTIQUE
Quel avenir pour l'église?
Paru dans Forum Libéral le 1 nov. 1999
Le Grand Conseil vient d'adopter la nouvelle loi sur l'Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV). Dans ce nouveau cadre légal, l'EERV va pouvoir procéder à la profonde mutation de structures qu'elle a préparée sous l'appellation "Eglise à venir". Aux côtés d'Hélène Brughera, députée et déléguée de l'Etat au Synode, les libéraux ont joué un rôle déterminant dans le travail parlementaire. Dès maintenant, le processus peut se réaliser, entre craintes et espérances.
La nouvelle loi en bref La nouvelle loi est fondamentalement différente de la précédente. C'est une loi cadre, à la demande du Conseil d'Etat. Elle définit la mission de l'Eglise, les grandes lignes de son organisation et ses relations avec l'Etat et les communes. Tout le reste figure désormais dans un règlement soumis à l'approbation du Conseil d'Etat, mais sur lequel les députés n'auront plus leur mot à dire. Ils n'auront en particulier plus rien à dire sur le découpage paroissial.
C'est sur ce point que l'opposition la plus forte s'est concentrée. Elle venait des rangs de l'Eglise elle-même. Nous pensons que la loi adoptée par le Grand Conseil, fortement amendée par rapport au texte du Synode, constitue un équilibre optimum entre partisans d'Eglise à venir et défenseur de l'autonomie des paroisses. Cet équilibre devait être trouvé, faute de quoi nous aurions fait le jeu des adversaires de l'Eglise elle-même.
Une mutation courageuse Au départ du processus, le Conseil d'Etat exigeait une économie financière, peut-être possible sans toucher à l'organisation complète de l'Eglise. Le Conseil synodal, présidé par le pasteur J.-D. Perrin, a saisi cette occasion pour entreprendre une remise en question fondamentale de l'Eglise réformée vaudoise, de ses structures et de ses modes de communication avec la société.
Des paroisses moins nombreuses, regroupées en régions et obligées de collaborer entre elles; davantage de ministères spécialisés et moins de ministères paroissiaux; une volonté de mieux utiliser les charismes des ministres divers. Nous saluons cet effort, car l'image de vieillard agonisant donnée par notre Eglise devenait insupportable. D'autres secteurs de notre société pourraient utilement faire la même démarche d'autocritique. Mais le plus dur reste à faire.
La grande valse des ministères En quelques mois, tous les postes pastoraux de l'Eglise vont devoir être repourvus. Tous les pasteurs ont dû remettre leur poste en jeu et faire au moins deux actes de candidature. C'est beaucoup leur demander. C'est aussi beaucoup demander aux autorités des nouvelles paroisses, compétentes pour l'élection de leurs ministres, qui devront procéder à l'examen et au choix des candidats.
Dans le même temps, ces autorités - des assemblées de paroisse au Synode - devront être renouvelées. Ce sera le premier visage d'Eglise à venir : un grand chambardement. Nous sommes de ceux qui voient en lui le départ d'un nouveau dynamisme; mais nous ne pouvons complètement ignorer les craintes qu'il inspire.
Des temples désaffectés et des clochers silencieux ? Regrouper des paroisses, cela signifie, concrètement, que des temples ne seront plus desservis. Peut-être même que certains clochers ne sonneront plus le dimanche. On a évité, jusqu'ici, de parler de cet aspect sensible. Sensible pour les fidèles, mais aussi pour ceux qui, sans le montrer, demeurent attachés à leur Eglise.
La loi va obliger les paroisses à signer des conventions avec les autorités communales, qui ont l'obligation d'entretien des lieux de culte. Il ne fait pas de doute que les négociations ne seront pas faciles, car elles toucheront à la fois à l'aspect le plus symbolique d'Eglise à venir et aux finances communales.
Un défi aux ministres et aux laïcs Nous avons laissé entendre que la façon dont les ministres remplissent leur fonction influençait le sort de l'Eglise. Pour les pasteurs eux-mêmes, Eglise à venir est une occasion de réfléchir à leur engagement et à leur place dans la société. Car chacun sait que certaines paroisses se portent mieux que d'autres, et ce n'est pas toujours le fait du hasard.
Mais Eglise à venir interpelle aussi les paroissiens. Dans l'année qui vient, ils auront à participer aux assemblées de paroisses, à s'engager dans les divers organes de leur Eglise. La nouvelle loi sur l'EERV ouvre des portes. Elle appelle les protestants vaudois à sortir de chez eux et à s'engager, car l'Eglise à venir sera ce qu'ils auront mérité.
Accompagner ou guider ? Au terme de trois débats, le Grand Conseil a décidé de donner à l'EERV mission d'offrir non seulement un accompagnement, mais aussi un guide aux personnes en recherche spirituelle. En vain, la gauche a tenté de s'opposer : quelle horreur, une Eglise qui oserait préférer le bien au mal ; une Eglise qui oserait recommander de croire à l'Evangile ! Depuis qu'elle a perdu son modèle communiste, la gauche préfère probablement la désorientation générale. Nous pensons au contraire que l'Eglise a quelque chose à dire, et, dans une certaine mesure, qu'elle est payée pour cela.
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