UVAM: pourquoi tous ces silences?

Paru dans 24 Heures le 5 déc. 2024

UVAM: pourquoi tous ces silences?

L’Union vaudoise des associations musulmanes veut être reconnue d’intérêt public. Mais que fait-elle dans ce sens?

L’Union vaudoise des Associations musulmanes (UVAM) a déposé en 2019 sa demande à être «reconnue d’intérêt public». Depuis cette date, elle traverse une période d’observation.

Il nous appartient, politiciens et simples citoyens, de rechercher en quoi cette reconnaissance de l’UVAM par l’État constituerait un véritable «intérêt public». C’est d’ailleurs la même question que nous devons nous poser à l’endroit de la FACCV (Fédération des Églises anglicane et catholique chrétienne) et de la FEV (Fédération évangélique vaudoise) qui ont elles aussi déposé une demande de «reconnaissance», et pour lesquelles la réponse est loin d’être évidente…

Le monde de l’Islam n’est pas homogène. Si une majorité de musulmans se revendiquent d’une religion de paix et d’amour, on observe aussi l’existence de mouvements commettant des actes terroristes d’une violence extrême. Et des régimes fondés sur l’Islam qui pratiquent à l’égard des femmes ou des homosexuels, par exemple, une discrimination incompatible avec les valeurs de nos sociétés occidentales. Et pourtant, les uns comme les autres se fondent sur les textes du Coran, mais sur des versets différents.

Dans ce contexte, l’intérêt public vaudois serait que la reconnaissance de l’UVAM serve de porte-voix à un Islam de paix et d’amour et exprime son opposition à ce qui relève de la haine, de la violence ou de la discrimination. Et ce serait aussi dans l’intérêt de l’UVAM d’être le porte-parole des aspirations des musulmans modérés de chez nous. Or, au cours des cinq années durant lesquelles nous avons pu observer l’UVAM, nous avons été frappés – et déçus! – par son silence.

Manque de réactions

À notre connaissance, pas une réaction à la décapitation de Samuel Paty, pas un mot sur le sort des femmes en Afghanistan, pas un mot sur la pendaison d’homosexuels en Iran! En Suisse, pas un mot sur la tentative d’assassinat d’un juif à Zurich par un jeune islamiste! L’actualité, au cours de ces cinq années, a pourtant et malheureusement été riche en occasions offertes à l’UVAM de définir son camp et de nous assurer qu’elle s’oppose et entend s’opposer – surtout si elle obtient la reconnaissance d’intérêt public – à cet Islam violent et à la lecture qu’il fait du Coran. On aurait aussi lu avec intérêt un engagement de l’UVAM pour un Islam occidental, une contextualisation de certains passages du Coran et un refus de la charia.

En déposant sa demande de reconnaissance, l’UVAM s’est engagée à respecter le droit cantonal et fédéral. Fort bien, mais, en théorie, cela ne l’empêcherait pas d’enseigner et de prêcher des règles différentes, justifiant les dérives «islamistes». Par son silence, l’UVAM alimente des craintes et des soupçons. Qu’elle prenne position clairement si elle veut nous convaincre que la «reconnaître» constituerait pour les Vaudoises et les Vaudois un véritable intérêt public.