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Le confinement s’oppose à l’immunisation collective

Paru dans 24 Heures le 2 déc. 2020

Le confinement s’oppose à l’immunisation collective

Nos autorités auraient-elles dû confiner plus strictement pour lutter contre l’épidémie? On réduit à tort le débat à une opposition entre les milieux économiques et les milieux médicaux. En réalité, c’est à l’intérieur du monde médical que le débat est ouvert.

Il faut d’abord rappeler que le confinement ne fait pas disparaître le virus. L’humanité n’a jamais réussi à éliminer un virus, à l’exception notoire de la variole, dont quelques échantillons demeurent en mains seulement (on l’espère!) de laboratoires spécialisés. Même la poliomyélite, en dépit des sommes gigantesques mises à la combattre par d’ambitieuses campagnes de vaccination, continue à se diffuser dans certaines régions du globe.

On ne fera pas disparaître le Covid-19, mais l’épidémie s’arrêtera lorsque l’immunité collective sera suffisante. L’infection est toujours une guerre entre des assaillants et des défenseurs: lorsqu’on ne peut affaiblir l’assaillant – le virus –, on doit s’employer à renforcer les défenseurs, faute de quoi c’est l’assaillant qui gagne.

La vaccination vise à renforcer la défense. Une des attitudes médicales consiste donc à empêcher autant que possible le virus de circuler (confinement, distance sociale, masque) en attendant un vaccin. Et en priant pour qu’il soit efficace, rapidement disponible et bien toléré, ce qui n’est pas garanti. D’ici là, la population demeure toujours aussi fragile face au virus, tout en souffrant des restrictions sociales, culturelles et économiques qui lui sont imposées.

Une autre attitude consiste à laisser le virus circuler, en sachant que plus il circule, plus le nombre de ceux qui lui résistent augmente. Quoi qu’on en dise, chaque cas positif qui s’en tire bien est une bonne nouvelle. Il s’agit à chaque fois d’un individu très probablement «vacciné». S’affoler face au nombre de tests positifs n’a pas de sens: plus le virus contamine, et plus vite se développe l’immunité collective. Et plus vite s’arrêtera l’épidémie. Mais cette diffusion a un prix: une surcharge des structures hospitalières et la concentration de morts qui sont souvent des drames, parfois des délivrances.

Combinaison et dilemne

Alors: confiner pour retarder la diffusion du virus ou le laisser circuler pour que progressivement la population lui résiste? Médicalement, les deux attitudes se défendent et doivent se combiner.

Les mesures prises par nos autorités fédérales fluctuent entre les deux termes de ce dilemme. Certains esprits simplistes – dans la presse, les milieux politiques et les milieux médicaux – affirment que la Suisse fait tout faux: ils ont trouvé un mauvais prétexte pour vilipender nos autorités. En réclamant à cor et à cri un strict confinement, ils démontrent simplement qu’ils n’ont pas bien compris que, dans une guerre épidémique, c’est sur les défenseurs et non sur les assaillants qu’il faut porter l’effort.




 

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