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L’assistance au suicide n’est pas un acte médical

Paru dans 24 Heures le 19 nov. 2018

L’assistance au suicide n’est pas un acte médical

Le suicide – du latin « sui caedere » = « tuer soi » - est l’acte d’un être vivant qui choisit de mettre fin à sa propre vie. Dans la plupart des cas, il n’a besoin de l’assistance de personne et ne la sollicite pas. Lorsque la dégradation de son état de santé ne lui permet plus de trouver par lui-même les forces de se suicider (se procurer une arme ou une substance toxique, sauter d’un pont, se pendre), il peut être amené à demander une assistance. Cette assistance peut lui être apportée par n’importe quelle personne bienveillante : le code pénal (art. 115) ne punit que l’assistance au suicide « pour un mobile égoïste ».

Les organisations d’assistance au suicide, comme Exit, ne sont pas des organisations médicales. Le seul lien que notre dispositif législatif établit entre l’assistance au suicide et l’activité médicale réside dans la prescription d’une potion létale, qui doit être signée par un médecin. C’est de là que nait la confusion. En revanche, on ne demande pas au médecin de prescrire la corde ou l’arme à feu… L’Académie des sciences médicales persiste dans la confusion et voudrait attribuer au corps médical la compétence d’assister dans leur suicide des personnes en grande souffrance, même si elles ne sont pas en fin de vie. La Fédération des médecins suisses FMH vient de refuser cette nouvelle directive.

Le rôle du médecin est si possible de guérir ; s’il en est incapable, il doit faire en sorte que la maladie n’engendre pas de souffrances pour son patient. Dans les situations désespérées, il doit privilégier la suppression de la souffrance, en admettant qu’il puisse ainsi abréger la vie de son patient. Tous les médecins honnêtes avoueront qu’ils le font. J’ai moi-même administré à des cancéreux en fin de vie des doses de morphine qui, en les délivrant de leurs souffrances, ont accéléré leur mort : je l’admets, et je l’assume. Cela ne s’appelle pas de l’assistance au suicide, mais de l’euthanasie (en grec : Euthanasia = mort douce). Or le code pénal (art. 114) punit cette démarche, même lorsque le médecin aura agi « en cédant à un motif honorable, notamment par pitié, (…) sur la demande sérieuse et insistante » de son patient.

« Une mort douce », voilà ce que tout être humain est en droit d’attendre de son médecin. L’euthanasie – terme maladroitement associé à des crimes nazis – est un acte médical, conforme à l’éthique d’un médecin humain est responsable. C’est sur l’euthanasie que l’Académie suisse des sciences médicales devrait avoir le courage de se pencher, en visant la modification l’art. 114 CP et en l’encadrant de règles strictes. En rendant licite, au fond, une prise en charge médicale qui se pratique déjà.

Le suicide, acte dramatique, crée toujours un malaise dans notre société. C’est le choix d’un individu, en fonction de sa propre éthique. Le corps médical a raison de refuser d’en être à la fois le juge et l’instrument.




 

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