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SANTÉ
Surmédicalisation = 30% des dépenses de santéParu dans 24 Heures le 30 août 2017 30% des dépenses de santé dans notre pays seraient dues à la surmédicalisation, si l’on en croit les Professeurs Nicolas Rodondi et Jean-Michel Gaspoz* : ce chiffre est terrifiant. Pour la Suisse, cela représenterait environ 20 milliards, sans commune mesure avec les 470 millions que Alain Berset espère économiser en « boutiquant » le tarif médical (TarMed). Par surmédicalisation, on désigne bien sûr des interventions chirurgicales sans bénéfice réel pour le patient. Mais elles sont moins fréquentes que les traitements médicamenteux injustifiés et, surtout, ces cohortes d’examens que l’on impose au patient dès le moindre signe d’alerte, et même pour traquer les « maladies silencieuses ». La pratique des « bilans » a pris une telle place dans l’activité médicale que le terme « bilanter » est entré dans le vocabulaire usuel. En outre, la surmédicalisation est source de « iatrogénie », ces troubles que provoque l’intervention du médecin elle-même. Les centres universitaires portent une lourde responsabilité dans cette surmédicalisation. Au motif de former les jeunes médecins, et pour se protéger de l’éventuelle critique de ne pas avoir « tout fait », ils la pratiquent eux-mêmes et l’enseignent à des confrères qui n’oseront pas s’écarter des normes et des « guide lines » auxquels ils ont été exercés. Les centres universitaires portent une lourde responsabilité dans cette surmédicalisation. Au motif de former les jeunes médecins, et pour se protéger de l’éventuelle critique de ne pas avoir « tout fait », ils la pratiquent eux-mêmes et l’enseignent à des confrères qui n’oseront pas s’écarter des normes et des « guide lines » auxquels ils ont été exercés. La surmédicalisation commence à préoccuper les milieux de la santé : travaux du Swiss medical board qui s’intéresse à l’efficience** des pratiques et des innovations et, plus récemment, naissance de l’association « Smarter medicine ». A notre connaissance, ces organismes ne reçoivent guère de soutien des milieux politiques et universitaires. La « réforme Berset » tombe au plus mauvais moment. Elle aura pour effet - on peut en faire le pari – de pousser les acteurs de la santé à multiplier les actes : un bilan de plus, un acte de plus, et l’équilibre sera rétabli. On verra probablement que, aux comptes 2018, le CHUV sera parvenu à compenser les diminutions de recettes annoncées… et les autres prestataires suivront son exemple. Et vive la surmédicalisation ! Nous n’avons pas une médecine trop chère : nous avons trop de médecine ! * Swiss Medical Forum 2017 ; 17(3) : 45-48 **Efficience = rapport entre le résultat obtenu et les ressources utilisées Jacques-André Haury, médecin, ancien député, Lausanne |
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