Cathédrale de Lausanne prudence, prudence ...

Paru dans 24 Heures le 24 janv. 2003

Après avoir tourné sept fois sa langue dans sa bouche, le Conseil synodal prend enfin position sur la proposition de Jacques-André Haury de faire de la Cathédrale de Lausanne l'église de tous les chrétiens vaudois. On pouvait imaginer que l'organe exécutif des protestants vaudois pèse ses mots dans un dossier où les sensibilités sont extraordinairement fortes. Mais de là à faire preuve d'une prudence telle que le message devient quasiment illisible à force d'être aseptisé, il y a un pas que les autorités protestantes n'auraient pas dû franchir. Que dit le Conseil synodal ? Qu'il ne veut pas du projet de Jacques-André Haury, au nom de l'idée qu'il se fait du dialogue ?cuménique. Mais qu'il pourrait entrer en matière ... si la basilique du Valentin venait à brûler. C'est réduire à une simple question de commodité l'idée du député libéral. Et c'est surtout refuser le débat que souhaite Jacques-André Haury, qui voit dans la Cathédrale le symbole du christianisme vaudois, dont il aimerait renforcer le rayonnement. Mais de l'essentiel de ce message, il n'en est justement pas question. Pour opposer un refus poli à cette idée dérangeante, le Conseil synodal prétexte qu'il n'y a aucune demande de l'Eglise catholique. En rappelant cela, le Conseil synodal évacue une idée embarrassante en faisant comme si elle n'existait pas, car il est évident que les catholiques n'auraient jamais pu émettre ce v?u sans déclencher un véritable incendie.

Un ancien président du synode évoquait dernièrement dans nos colonnes les « pratiques césaro-papistes » des catholiques. C'est dire à quel point le terrain est miné. Jacques-André Haury voulait secouer la torpeur des institutions chrétiennes qui voient leurs églises se vider et restent sans réaction. Visiblement, cet empêcheur de tourner en rond devra s'armer de patience.