|
|
|
CHRONIQUE
Mission et démission
Paru dans Le Temps le 28 avril 2006
Mercredi soir sur la TSR, un excellent Infrarouge portait sur la violence à l'école. Le plateau opposait le conseiller d'Etat en charge de la Formation à Genève, terriblement mal à l'aise face au déluge de témoignages sur les problèmes de l'école, et le libéral vaudois Jacques-André Haury qui eut le courage d'asséner quelques vérités incontournables et sut garder son calme face à l'exaspération trop visible de son protagoniste.
Quelques intervenants firent part de leurs expériences et surtout, à la fin (dommage, tant il fut convaincant) un jeune homme qui dit, en quelques phrases vraies, combien l'adolescent a besoin d'un cadre clair pour développer sa personnalité.
Tout comme le Dr Haury, il a rappelé que la violence est inhérente à l'humain et qu'il faut en contenir fermement les débordements.
«Ils sentent quand on a peur» osa Mix & Remix avec le regard cruel qu'on lui connaît. Tout comme les animaux osent attaquer l'homme quand ils le sentent faible, certains jeunes laissent libre cours à leur agressivité naturelle face à la démission des adultes.
Pour commencer, il faut donc poser que l'enfant n'a pas tous les droits, ni à la maison, ni à l'école, ni dans la rue. Face au principe essentiel que notre liberté s'arrête là où commence celle des autres, nous tentons tous de faire reculer la frontière, à notre avantage évidemment, quitte à user de la force.
Pour les jeunes, cela commence avec leurs parents, puis leurs maîtres (même si le mot a perdu tout son sens), puis leurs copains, puis les filles si ce sont des mâles, puis n'importe qui dans la rue, dans une escalade de transgressions permettant d'entretenir cette griserie de toute-puissance que fournit la violence.
Le devoir sacré des adultes est de poser les limites, quitte à créer des tabous. Cela demande du courage car il est plus confortable de laisser faire en espérant obtenir en retour amour et paix. Pourtant, il n'y a pas d'amour sans respect ni de paix sans règles. Il ne faut pas pour autant jeter la pierre aux parents ou aux enseignants alors même que leur rôle était bien plus facile auparavant, soutenus qu'ils étaient par tout un système religieux, moral, institutionnel, qui légitimait leurs principes.
Aujourd'hui, ceux qui tentent encore de garder le cap doivent lutter à contre-courant, les enfants trouvant injuste qu'on leur impose des règles reniées partout ailleurs. La religion étant d'ordre privé, c'est au politique d'initier un renversement des tendances. Pourtant, sur le plateau d'Infrarouge, seul le représentant de l'Etat minimisait la situation, amplifiée selon lui par les médias, et vantait la mise en place d'un arsenal juridico-administratif mis à disposition du corps enseignant pour se défendre.
Au vu des réactions d'auditeurs qui défilaient au bas de l'écran, le socialiste Beer était désavoué face à l'humaniste libéral Haury. Pourquoi donc les urnes semblent-elles dire le contraire? Faute de place aujourd'hui, nous y reviendrons.
Marie-Hélène Miauton
|
|
Article récentComment la Caisse unique conduit à la pénurie des soins Suite...
|
|
|