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La recherche médicale inféodée aux grosses pharmas? Un médecin et député libéral veut des garde-fous

Paru dans 24 heures le 15 mars 2006

COLLUSION - Jacques-André Haury s’interrogesur les mesuresque prend l’Université pour garantir l’objectivitéde la rechercheet de l’enseignement.

«Un bon médecin prescrit un à trois médicaments, à partir de cinq il devient dangereux, au-delà de sept il mérite la prison. » Cette devise de Georges Peters, l’ancien professeur qui vient de disparaître, Jacques-André Haury l’a faite sienne.

Comme médecin, il s’inquiète des dérives de sa branche. «Je suis de plus en plus fréquemment confronté à des patients présentant des troubles liés aux effets secondaires de médicaments», dit le libéral lausannois étonné par les «longues listes de pilules que des patients se voient prescrire chaque jour». Qu’en est-il de la dépendance des médecins vis-à-vis des grosses pharmas au CHUV? Jacques-André Haury pose ces questions au Conseil d’Etat.

Le sujet déborde largement le cadre vaudois. Le fait de consommer plus de médicaments pour corriger les facteurs de risque, comme le cholestérol, ou l’hypertension artérielle est connu, parce que les valeurs limites à ne pas dépasser sont régulièrement abaissées. Il a même été démontré à l’échelle internationale que les critères pour fixer le seuil de pathologie sont souvent définis par des experts qui ont des liens étroits avec l’industrie pharmaceutique.
Au bilan final, des coûts exorbitants de santé publique et des effets secondaires de ces médicaments non étudiés. «Informe-t-on les futurs médecins des effets potentiellement nuisibles des médicaments, surtout lorsqu’ils sont combinés entre eux» s’interroge Jacques-André Haury.

Le CHUV n’a pas attendu
AU CHUV, on affirme se soucier de cette question. Des directives sur les conflits d’intérêts existent depuis 1998 qui permettent, selon Jérôme Biollaz, médecin chef de pharmacologie clinique, de résoudre les conflits. Car personne ne nie qu’il peut y avoir conflit lorsque des pharmas font pression. «Nous nous finançons en partie par des fonds privés, mais nos directives doivent empêcher les industriels d’influencer nos décisions», explique le professeur.

Mais les cadres du CHUV ne font pas d’angélisme et renvoient le paquet à l’expéditeur, au monde politique. Président de la Commission d’éthique de la recherche clinique de la Faculté de médecine et de biologie, Michel Burnier estime «qu’on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre.

Les pouvoirs publics ont réduit les crédits, obligeant la recherche médicale à se financer par des fonds privés». De son côté, Bernard Decrauzat, directeur général du CHUV note que les études cliniques et l’achat de produits pharmaceutiques font l’objet de procédures distinctes et renvoie aux recommandations de l’Académie suisse des sciences médicales dont le CHUV tient compte.

Michel Pont




 

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