Jacques-André Haury Jacques-André Haury - médecin et député
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  RELIGION

«La cathédrale de Lausanne qui s'ouvre aux catholiques, tout un symbole!»

Paru dans Le Temps le 8 avril 2004

 Propos recueillis par Yelmarc Roulet
 
La cathédrale de Lausanne, haut lieu du culte réformé depuis la conquête bernoise de 1536, s'ouvre aux catholiques. Une messe y sera célébrée le 13 novembre, pour la Journée des peuples, une autre le 21 mai 2005 pour le sacrement de la confirmation.

D'autres suivront, toujours pour des occasions solennelles. Mais l'accord conclu entre l'Eglise évangélique réformée vaudoise, l'Eglise catholique du Pays de Vaud et les autres communautés chrétiennes a aussi des implications tout au long de l'année. Une prière œcuménique quotidienne est prévue, de même qu'une célébration œcuménique mensuelle.

En décembre 2002, le député et ancien constituant libéral Jacques-André Haury avait lancé l'idée de cette ouverture.

Le Temps: Il y aura des messes à la cathédrale de Lausanne. L'œcuménisme a-t-il fait un grand pas?
Jacques-André Haury: L'importance symbolique de la cathédrale de Lausanne pour le culte et la culture est évidente. Alors que l'œcuménisme bute sur un certain nombre d'éléments d'ordre théologique, ce que les Vaudois décident de faire est important. Ce pas ne consiste pas à dire «mettons-nous d'accord sur tout», mais «acceptons-nous dans nos différences, qui peuvent nous enrichir les uns les autres.»

– Quelle était votre motivation profonde au moment où vous avez proposé cette ouverture?
– Ce que nous avons en commun avec les autres religions chrétiennes est si élevé que les divergences ne suffisent pas à le ternir. Personnellement, je fais partie de la génération de la Paroisse œcuménique des jeunes de Lausanne, en 1969-1970, et j'ai gardé comme bons amis des catholiques très engagés. Il y avait par ailleurs mon interrogation de politicien vaudois sur l'avenir de ce monument qu'est la cathédrale, avec le souci qu'elle demeure avant tout un lieu de célébrations chrétiennes.

– Vous voulez éviter qu'elle ne devienne un lieu culturel. Somme toute, des catholiques valent encore mieux que des concerts?
– Comme chrétien, je déplorerais comme un signe de déchristianisation que la vocation culturelle l'emporte et que le cultuel finisse par être presque oublié. Les manifestations culturelles sont importantes, surtout dans un cadre religieux, mais elles doivent rester secondaires.

– Votre idée avait suscité des réticences. Comment a-t-il été possible de les vaincre?
– La réaction officielle au début a été plus que mitigée. Aujourd'hui, les plus réticents sont devenus les plus favorables. Je suis fier d'appartenir à une Eglise qui a su faire ce cheminement. Certains redoutaient que la cathédrale ne devienne une sorte de refuge forestier qu'on réserve, un dimanche pour les catholiques, un dimanche pour les protestants. Le danger est écarté. La cathédrale reste rattachée à sa communauté paroissiale tout en devenant le lieu d'un rapprochement quotidien entre communautés. La solution retenue est meilleure que ce que j'avais suggéré au départ.

– La cathédrale s'ouvre aux catholiques. Avec quelle réciprocité?
– Eh bien non, il n'y a pas de réciprocité. Quand on accueille, on ne demande rien en échange.

– L'Eglise catholique refuse la communion aux protestants. Fera-t-elle exception pour ces messes annuelles?
– La communion, c'est un problème. L'hospitalité eucharistique n'est pas accordée aux protestants. Mgr Genoud, l'évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, me l'a dit personnellement, il n'est pas question de faire une dérogation à la cathédrale de Lausanne. Cela sera ressenti comme blessant par certains protestants, mais mal compris également par certains catholiques. Cela dit, il n'est pas exclu que cette position évolue.

– Faudra-t-il réaménager la cathédrale, voire la reconsacrer pour l'occasion?
– Elle a été consacrée en 1275 par Grégoire X. De toute manière, si j'ai bien compris, l'Eglise catholique peut célébrer occasionnellement des messes dans les lieux non consacrés.

– Quel serait le pas suivant? Faire de même à la cathédrale de Genève?
– La valeur symbolique de Genève est d'être la cathédrale de Calvin. Lausanne peut devenir le symbole d'un espace partagé entre les communautés. Je n'exclus pas que notre démarche se reproduise ailleurs. Mais je n'ai pas d'idée sur la suite, c'est déjà très beau que ce pas ait été franchi.




 

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