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VAUD ELECTIONS AU CONSEIL D'ETAT EN NOVEMBRE
Portrait d'un vrai conservateurParu dans Gauchebdo le 19 sept. 2003
Ce parti avait réussi à obtenir un second siège au gouvernement cantonal, perdu il y a quatre ans. Son but, cet automne, est de le reconquérir. S'il y parvenait, serait renforcée la position du conseiller d'Etat le plus réactionnaire de l'exécutif, Charles-Louis Rochat, lui aussi libéral et responsable des dégâts dont sont sans cesse victimes les services de santé du canton. Pour succéder à Philippe Biéler, les libéraux ont jeté leur dévolu sur M. Jacques-André Haury. Nous ne le connaissons pas. On le dit bon médecin. Mais, ici, la question n'est pas de savoir si l'homme est sympathique ou non. Ce qui importe, c'est sa physionomie politique. Et, là, aucun doute possible : M.Haury est un représentant typique de la droite « fréquentable ». Il fonde les Jeunesses libérales à 19 ans - c'est-à-dire au moment où, dans le sillage de 68, tant de jeunes prennent conscience des problèmes de société. Il devient capitaine à l'armée. Il a, dit "Le Temps" du 12 septembre, « un profil de parfait notable » et fait preuve d'un certain snobisme. Il « se méfie de toutes les dérives de la mode », ce qu'il faut entendre sans doute comme le signe d'une allergie à la moindre tendance progressiste. Longtemps conseiller communal à Lausanne, député depuis cinq ans seulement, il est l'un des auteurs du programme libéral. C'est donc un théoricien de l'ultralibéralisme. Son modèle a été le conseiller d'Etat Louis Guisan, du même parti, qui siégea de 1954 à 1966 et dirigea le Département de justice et police. Les vues de Louis Guisan étaient celles d'un grand bourgeois type. « La discipline, affirmait-il par exemple, se fortifie par le respect des formes. Ce n'est pas par hasard que les policiers portent l'uniforme et que leur corps est organisé militairement. Le libéral favorise le mode militaire. » Ou encore, concernant l'administration cantonale : « Pour faire régner l'ordre dans un appareil immense, quelques congédiements sont plus efficaces que des contrôles tatillons ou des réformes administratives. […] Le chef y veille personnellement sans se laisser arrêter par les complications du statut de la fonction publique. » Sans doute, aujourd'hui, n'oserait-on plus dire ces énormités de la même façon. Il n'en reste pas moins que c'est dans ces eaux-là que s'est formé M. Haury, raide doctrinaire et partisan d'un élitisme de pure tradition libérale. On ne s'étonnera donc pas de trouver chez lui tous les thèmes chers aux défenseurs du capitalisme. C'est un conservateur viscéral, voire un réactionnaire. Dans les discussions budgétaires, il est un des champions de l'orthodoxie financière, sacrifiant allègrement les avantages sociaux des plus démunis. Que voulez-vous, chacun est responsable de sa situation, le travailleurs licencié sans ressources, le chômeur parvenu en fin de droit, les aînés menacés par le massacre de l'AVS… Les prises de position de M. Haury sont conformes à sa doctrine, fabriquée pour les privilégiés. Il s'est opposé à la construction du gymnase de Morges. Il a pris position contre la création d'une unité d'accompagnement pour les malades en fin de vie. Il a même voté contre la nouvelle Constitution vaudoise qu'il estime dangereuse parce qu'elle encourage… « l'esprit de revendication » ! Alors que la droite, dont ses amis, l'avait déjà en grande partie vidée des maigres caractéristiques progressistes que la gauche avait réussi à y introduire. Peu connu dans les milieux de la petite bourgeoisie, dont seule l'adhésion peut lui procurer quelque surface politique, M. Haury a trouvé un thème porteur : celui du retour des notes à l'école. Il est le maître d'œuvre de cette revendication démagogique, dont beaucoup de pédagogues admettent qu'elle ne saurait être appliquée aveuglément et qu'elle mérite au moins une discussion ouverte et dépassionnée. Peu importe à M. Haury. Il s'est lancé dans cette bataille sans état d'âme, surfant sur l'angoisse de certains parents pour qui le repère de l'échelle des notes est rassurant, mais qui ne mesurent pas toujours les conséquence de cette méthode, en particulier sur les enfants d'origine modeste. Tel est l'homme qui va chercher à obtenir les suffrages de toute la droite le 9 novembre prochain. Du côté de radicaux, il mobilisera, bien sûr, leur frange la plus conservatrice. Mais il inspirera une confiance limitée à ceux, nombreux chez eux, qui ne se reconnaîtront pas dans un candidat si éloigné de leur vie quotidienne. Quant aux électeurs UDC, dont le leader Fattebert est un des seconds de Blocher, ils ne manqueront pas de lui apporter leurs voix.M. Jaques-André Haury se sentira-t-il gêné pour si peu ? Michel Buenzod |
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